trek a chiang rai
Asie,  Thaïlande

Thaïlande #12 : 3 jours de trek à Chiang Rai

En janvier 2020 nous partons  avec nos parents pour quelques jours dans le nord-ouest de la Thaïlande à la découverte des alentours de Chiang Rai. Le coin n’est pas particulièrement recommandé aux voyageurs car la zone frontalière avec la Birmanie est connue pour ses passages de contrebande. Aussi nous nous sommes entourés d’un guide local pour un trek de 2 jours dans les montagnes.

 

 

 

Notre guide nous avait été recommandé par un thaïlandais que nous avions rencontré lors de la balade au parc national de Phu Kradung. Il parlait relativement bien anglais et offrait un tarif que nous jugions correct. Au fil des heures cependant on apprend qu’il n’a pas emmené de groupe depuis 10 ans, que sa connaissance de l’itinéraire est limitée et que son humeur est fortement dépendante de sa consommation de marijuana! 

Il nous propose 2 itinéraires et ne se réjouit pas que nous insistions pour celui qui nous emmène randonner dans les sentiers de montagne. Il préférait évidemment nous balader en 4×4 d’un camps d’éléphants à des cascades en passant par des marchés artisanaux touristiques….Cependant comme la plupart des Thaïs, il est très gentil, cherche à bien faire et trouve toujours des solutions.

On s’engage donc un peu à l’improviste en début d’après-midi sur un sentier qui monte au milieu des champs d’ananas sous un soleil accablant. Au passage, nous récupérons son assistant, prévenu seulement quelques minutes plus tôt. Il s’avérera être le véritable connaisseur de l’itinéraire et nous conduit d’un bon pas malgré une jambe raccourcie  et le poids du sac contenant notre intendance. Quelle belle équipe! 

 

 

Au cours de la randonnée, on en apprend plus sur les Karens, l’ethnie dont fait partie notre guide. Cette région montagneuse de la Thaïlande abrite en effet plusieurs communautés reconnues par le gouvernement thaïlandais dites “peuples des montagnes” telles que les Lahus, les Akhas ou les H’mong. Difficiles pour nous de saisir les subtilités culturelles qui distinguent ces groupes qui vivent dans des villages de part et d’autre de la frontière avec le Myanmar. Ils partagent des rites, des vêtements et une langue distincte du Thaïlandais. La culture du riz, le bûcheronnage et le tissage sont les activités économiques principales. Ce que l’on a retenu c’est qu’ils ne font pas vraiment preuve d’une quelconque entraide entre eux. Notre guide n’a pas hésité par exemple à dénigrer le peuple Akha qu’il juge « moins évolué » et plus misogyne que les Karens. 

La suite du chemin est ombragée et le dénivelé est modéré. Nous avançons tranquillement sur de petits sentiers bordés de bambous. Notre route n’a été troublée que par le passage soudain d’hommes à moto. L’un deux avec un fusil en bandoulière ce qui n’a pas été pour nous rassurer…

 

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Dans les années 60, des partisans de Chiang Kaï-Chek repoussés en Birmanie par les armées de Mao Zedong à la fin de la guerre civile chinoise s’installent dans le triangle d’or, la région frontalière entre le Laos, la Thaïlande et la Birmanie avec le soutien du gouvernement thaï mais aussi américain. La culture du pavot est alors encouragée et la région se transforme en un haut lieu de la production d’opium qui devient le cœur de l’économie de ces ethnies. 

Sous la pression de la communauté internationale mais aussi à cause des ravages de la drogue sur les populations locales – celles-ci étant culturellement sensibles à la consommation de psychotropes comme le bétel – le roi Rama IX lance un programme de lutte contre la culture d’opium dans les années 1970. Aujourd’hui la majorité des plantations en Thaïlande ont été reconverties dans la culture de riz, de thé, de café et plus récemment d’ananas. Mais la région reste un passage de contrebande pour acheminer la production birmane avec la complicité probable de la police thaïlandaise. 

Nous passerons la nuit à Baan Jalae Muang Chiangrai, un village Lahu où nous retrouvons d’autres voyageurs occidentaux. L’atmosphère n’est pas très chaleureuse et on regrette de dîner dans notre coin à 17h45… Les guides ont disparu et on ne les reverra que plus tard dans la soirée au moment où ils nous proposeront de fumer! En attendant la soirée s’étire tranquillement tandis que nous nous retrouvons autour d’un feu de bois et que nous essayons de communiquer avec les gérants.

 

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Le lendemain nous empruntons des sentiers moins marqués. L’assistant du guide nous ouvre la voie avec sa machette. À la pause, il improvise un feu de bois et nous sert un thé chaud en quelques instants à l’aide de bambous servant à la fois de théière et de verres. 

La balade nous emmène ensuite à travers la jungle, hors sentier. On soupçonne nos guides de raccourcir la route car ils sont à la peine physiquement alors que nous prenons justement plaisir à nous retrouver perdus au milieu de nulle part. Nous improviserons un déjeuner dans une sorte de bergerie. Le berger ne semble pas étonné que nous ayons pris possession de sa cabane durant son absence. 

À la fin de la journée nous cueillons des citrons sauvages. Le guide tombe sur une grosse souche terreuse: il nous explique qu’il s’agit d’un bois rare dont il peut tirer un bon prix et propose de l’argent à son assistant pour qu’il traîne le lourd billot. Finalement il le planque dans un fossé car nous sommes encore trop loin et la pièce de bois est bien trop lourde.

La fin du trek est magnifique: Nous sortons du couvert végétal et surplombons alors une immense plaine verte fluo. Nous descendons lentement le long d’une piste qui nous conduit aux rizières. Nous traversons les champs, en équilibre entre deux bassins en échangeant de grands sourires avec les locaux qui replantent les pieds de riz. Après 15 km et 900 m de dénivelé, nous sommes de retour à Baan Huai Khom Nai, au domicile de notre guide.

 

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Cette aventure n’a pas été aussi impressionnante qu’un autre trek que nous avions fait à Khao Sok, au sud de la Thaïlande ou celui à Sapa au Vietnam. Les paysages ne sont pas impressionnants. Il faut dire que nous avons effectué ce trek en pleine saison sèche. La végétation était alors bien grillée et les paysages particulièrement arides. Nous n’avons pas vu de faune et pas vraiment partagés le quotidien des locaux mais nous en savons un peu plus sur les ethnies du nord. .

 

Le troisième jour est plus classique puisque nous partons en voiture en direction de la frontière birmane. La route est vallonnée, ca chahute sec dans le 4×4 et ce n’est pas une partie de plaisir: on n’était pas si mal à marcher dans la forêt. Nous faisons une première halte du côté de Mae Salong pour visiter une plantation de thé. Les champs sont très impressionnants, accrochés en terrasse sur les flans de collines. Il n’y a pas d’exploitants quand nous y sommes et la dégustation sera trop rapidement expédiée. L’anglais des animateurs est trop rudimentaire pour vraiment comprendre ce qui distingue les différentes variétés et c’est un peu frustrant.

Nous reprenons la route vers les villages des producteurs de café. La route devient de plus en plus étroite et serpente le long d’une crête. À gauche la Birmanie, à droite la Thaïlande. On croise quelques check-points et même des bastions d’artilleries. L’ambiance est étrange tandis que le guide nous raconte des anecdotes où il s’est fait intercepter avec son groupe par l’armée Birmane ayant franchi la frontière accidentellement. Espérons qu’il ne s’agisse là que d’histoires folkloriques pour nous divertir.

À partir de 1800 mètres d’altitude nous découvrons les premiers plants de café dans le sous-bois des forêts. Des femmes cueillent les graines vertes et rouges. Chargées dans de gros sacs de jute, les graines sont ensuite misent à sécher au soleil au milieu des villages. Nous nous arrêtons à celui de Pha Hi et Pha Mi qui sont exclusivement dédiés à l’activité du café: séchage, triage et évidemment beaucoup de coffee shop dont la plupart surplombant la vallée de leur terrasse panoramique. 

 

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Nous avons du mal à faire comprendre à notre guide que nous préférons passer du temps à déambuler dans ces villages, à solliciter son aide pour questionner les locaux pour en savoir plus sur la transformation des graines de café plutôt que nous précipiter au marché frontalier de Mae Sai “où l’on peut trouver plein de choses cheap”. 

 

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Nous passons le dernier jour du séjour dans la ville de Chiang Rai. Au programme le temple de Wat Rong Khun, plus connu sous le nom du temple blanc. Situé à 13 km au sud de la ville, on hèle un bus public qui nous y dépose. Il tire son nom de sa couleur immaculée qui contraste magnifiquement avec le ciel bleu. D’apparence bouddhique, il s’agit en fait du délire architectural d’un artiste local en l’honneur de sa ville et de feu le roi Rama IX.

Si le temple principal a été ouvert au public en 1997, le site fait toujours l’objet d’agrandissement, et de nouveaux bâtiments sont en construction. C’est un déluge de kitsch et d’arabesques rococo, très réussi.

On recommande notamment la visite des ateliers, un peu à l’écart, de l’autre côté de la route. À l’abri des foules, on y observe les différentes étapes de la construction des superbes arabesques qui ornent frontons et toits: Moulage, collage, sculpture et incrustation de morceaux de céramique.

 

 

On file ensuite vers Baan Si Dum appelée aussi la Black House. Cet ensemble de petits baraquements est un peu le pendant du temple blanc. Là aussi il s’agit de l’héritage d’un autre artiste Thaï qui expose ses œuvres et les objets qu’il affectionne. Répartis dans divers petites maisons traditionnelles en bois mais aussi dans des structures plus contemporaines s’amoncellent peaux de bête, cornes et tabourets en bois. Même si la construction principale est très impressionnante, la collection en elle-même est un peu systématique et on s’en lasse vite d’autant qu’il est assez frustrant de ne pas pouvoir pénétrer à l’intérieur de la plupart des maisons.

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